Abstract
Le dictionnaire polyglotte de Pallas, dans sa version originelle (1787-1789), a la singularité de proposer la transcription de 130 mots de base en 200 langues différentes en n’utilisant que les seules ressources de l’alphabet cyrillique. En dépit de toutes les critiques suscitées par ce péché originel, il n’en constitue pas moins un document original et digne d’intérêt; bien souvent, en effet, il propose des premières informations sur des langues peu connues et pas encore dotées d’écriture et nous renseigne sur l’évolution phonétique des langues transcrites; mais surtout, le dictionnaire se situe au croisement des idées linguistiques de l’époque, au confluent de deux siècles et de deux univers culturels, entre Europe et Russie. C’est au décryptage de ces différentes lectures que s’attache cet article, dans une pers-pective diachronique et interculturelle; vu sous cet éclairage multiple, le dictionnaire apparaît finalement comme un maillon particulièrement représentatif qui relie la linguistique du XVIIIème siècle, dont il est comme la quintessence, au comparatisme à venir qu’il anticipe par bien des aspects.

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