La submorphémique, connue également sous les termes de submorphémie ou de submorphologie, constitue le « bassin versant » de la Théorie des Matrices et des Étymons (TME), qui a été élaborée par le linguiste Georges BOHAS. Cette théorie trouve ses origines dans l'analyse lexicale de l'arabe et des langues sémitiques. Elle vise à modéliser l'organisation des relations entre la forme et le sens à l'intérieur des unités lexicales, en se basant sur trois niveaux de formation distincts :
- La matrice - µ, combinaison non ordonnée d’une paire de vecteurs de traits consonantiques (combinaison binaire) liée à une “ notion générique ”, un “ invariant notionnel ” est la source lexicogénique de larges champs notionnels. La matrice est une structure virtuelle où les référents «se traduisent » en simples traits phonétiques.
- L’étymon - Î est une base biconsonantique non ordonnée, constituée de deux phonèmes issus d’une matrice donnée et manifestant à la fois les traits de cette matrice et son invariant notionnel.
- Le radical – R (nominal ou verbal), étymon développé par diffusion de la dernière consonne ou incrémentation/affixation (à l’initiale, à l’interne ou à la finale) et comportant au moins une voyelle et développant l’invariant notionnel étymonial. (Bohas et Dat, 2006, p.11).
Cette théorie s'étend désormais aux langues romanes (français, anglais, espagnol, italien) et à d'autres langues, annonçant ainsi son potentiel universel. La TME dépasse les deux traditions linguistiques, celle du paradigme "trilitariste" pour l'arabe traditionnel et celle de « l'arbitraire du signe » en linguistique générale selon les travaux de F. de Saussure.
Dans sa préface du livre "La submorphologie motivée" de Georges Bohas, intitulé "Vers un nouveau paradigme en sciences du langage" et publié aux éditions Honoré Champion en 2021, Danielle Leeman exprime son opinion selon laquelle l'ouvrage annonce une « théorie complètement nouvelle ». Cette théorie se distingue par son opposition au postulat saussurien de l'arbitraire du signe linguistique et par sa révélation d'unités significatives minimales, les submorphèmes, qui se situent en deçà du morphème et possèdent une signification iconique.
Didier Bottineau (ibid, p. 66), lui, y voit une rupture épistémologique dans le sens où « La TME ne se substitue pas à des théories préexistantes, elle inaugure un niveau de modélisation et d’analyse là où auparavant il n’y avait rien »
Le présent ouvrage permet de réaliser un bilan de l'état actuel de la théorie, de présenter de nouvelles données qui ont enrichi sa compréhension et de confronter la Théorie des Matrices et des Étymons (TME) aux données des langues indo-européennes.