Il est des certitudes qui ont la vie dure. Par exemple celle que les noms renvoient à des objets, et que les propositions renvoient à des événements ou à des "états de choses" (B. Russell). Ou bien celle-ci, que les noms ne savent faire que nommer, et les propositions dire. Ou encore qu'une expression ne peut être que soit catégorématique, soit syncatégorématique. Non pas, certes, que l'on ne connaisse d'autres logiques que la logique bivalente. Mais, curieusement, en linguistique l 'héritage aristotélicien prévaut largement, empêchant de penser qu'il puisse y avoir autre chose que l'alternative vrai / faux, ou oui / non.
Si des chercheurs venus d'Europe de l'Ouest et d'Europe de l'Est se sont réunis à Lausanne pour discuter de la différence entre noms et propositions, c'est que la comparaison entre
langues slaves et langues romanes, et, peut-être encore plus entre traditions linguistiques d'Europe de l'Ouest et d'Europe de l'Est pouvait ouvrir des voies vers de nouvelles explorations d'un problème aux apparences si triviales. Le but de ce colloque!, ainsi, n'était pas de chercher une quelconque unanimité, mais d'expliciter les divergences, occasion de découvrir des objets auxquels on ne pensait pas auparavant.