Abstract
Il y a plusieurs raisons à l’intervention de Stalin dans la «libre discussion linguistique» de 1950, parmi lesquelles l’ainsi nommée «question slave»: dans sa «nouvelle théorie du langage», Nikolaj Marr avait renoncé à la notion même de famille de langues, en la remplaçant par celle de stade dans l’évolution du langage humain. Cela supposait que ni (ce qu’on appelle traditionnellement) les familles de langues, ni les groupes de langues à l’intérieur de ces familles ne constituaient des unités ontologiques. Or, dans les années 1940-1950, à la recherche de l’amitié des «Frères slaves» et pour renforcer ses rapports amicaux avec eux, l’URSS insista souvent sur le caractère ontologique des liens entre les «peuples slaves», lesquels liens découlaient de la parenté des langues slaves. Ainsi la linguistique marriste, connue en URSS largement en dehors du milieu purement linguistique, ne correspondait plus à l’une des lignes centrales de la politique extérieure du pays, ce qui a pu provoquer l’intervention de Stalin en linguistique. Cette «composante slave» de la «libre discussion linguistique» a été implicitement reflétée dans le roman d’Aleksandr Solženicyn Le premier cercle.

This work is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License.