Résumé
Où est l'objet langue dans les recherches qui mettent l'accent sur les conditions formelles? Pour illustrer mon interrogation je prendrai l'exemple du corpus, actuellement en vogue. L'idée de corpus remonte aux années 30-50 du siècle dernier. A cette époque, précurseurs et structuralistes cherchaient à définir pour la linguistique un objet concret, et à garantir ainsi son objectivité, donc sa scientificité. A la même époque, et par le même souci d'objectivité, est proposée une autre technique d'observation: enquête par questionnaire. Cet effort – méritoire – n'en soulève pas moins des questions sur les plans tant théorique que pratique. Ces concepts – corpus et enquête – s'inscrivent dans un cadre théorique où l'on conçoit les langues dotées d'une structure sui generis. Dans cette perspective, la structure de chaque langue a des spécificités que l'on ne peut circonscrire qu'à travers l'observation et l'étude de son usage. La présente étude vise à montrer la portée, mais aussi les limites du recours à ces techniques. On y soulève un paradoxe dans le rapport entre une structure censément finie et des données (recueillies par corpus et/ou enquête) extensibles ad libitum. Une issue possible de ce paradoxe serait d'opter pour une conception relative et complexe de la structure et d'abandonner la structure finie, et les implications qui en découlent.

Cette œuvre est sous licence Creative Commons Attribution 4.0 International.