Les linguistes et les philosophes ont un objet de connaissance en commun, le langage, dont ils ont, curieusement, peu souvent l’occasion de parler ensemble. Tel était le point de départ de ce projet de rapprochementinterrogation : parlent-ils, au juste, de la même chose, eux qui, dans des département universitaires différents, semblent vivre en parfaite ignorance réciproque ?
Or l’éclairage croisé de leurs approches pouvait, semble-t-il, faire apparaître des problématiques, des thèmes et des modes d’approche qui resteraient invisibles en éclairage direct. D’où l’insistance mise sur la comparaison dans l’appel à communication du recueil. Même si aucun des textes présentés ici ne répond directement à cette demande, leur richesse et leur variété, voire l’allégresse de leur mode d’exposition, font apparaître, parfois indirectement, une évidence : comment travailler en linguistique (du moins en syntaxe) sans avoir en tête une orientation (explicite, mais bien souvent implicite, voire insue) philosophique ? Et comment aborder la philosophie du langage sans avoir une connaissance intuitive (empirique, et non en tant qu’objet construit) de son fonctionnement ?
Bien des solutions au problème n’ont pas été envisagées ici, bien des domaines n’ont pas été explorés. Cette tentative aura néanmoins l’avantage, je l’espère, de susciter des discussions, débats et surprises.