Résumé
Les notions grammaticales de «sujet» et «prédicat» sont déjà présentes dans le De Interpretatione d’Aristote, et peut-être même dans le Sophiste de Platon, mais elles sont nommées, respectivement, ónoma et rhêma, tandis que les mots hypokeímenon et kategoroúmenon, qui littéralement correspondent à «sujet» et «prédicat», désignent plutôt des notions ontologiques. L’origine du couple terminologique subiectum / praedicatum se trouve dans le commentaire de Boèce au De Interpretatione. Au Moyen-Age, ce couple est redoublé par celui de suppositum et appositum : on a soutenu que la notion de suppositum dans le sens grammatical a son origine chez Priscien, et qu’au Moyen-Age le couple suppositum / appositum remplace chez les grammairiens le couple subiectum / praedicatum, réservé à l’usage des logiciens. On soutiendra ici au contraire que ces deux thèses ne sont pas fondées : suppositum n’a pas de sens grammatical chez Priscien, les notions de suppositum et suppositio semblent plutôt dériver d’un usage «métadiscursif» du verbe supponere, et l’examen attentif des textes montre que les deux couples reviennent dans les travaux des grammairiens aussi bien que dans ceux des logiciens. L’emploi exclusif de l’un et de l’autre couple respectivement par les grammairiens et les logiciens, semble caractériser plutôt l’époque de la Renaissance. Pourtant, dès le milieu du XVIIe siècle, les notions de «sujet» et «prédicat» redeviennent des mots-clés de la grammaire, grâce surtout aux Messieurs de Port-Royal, qui ont probablement fixé la signification et l’usage de ces termes jusqu’à aujourd'hui.

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