Résumé
L’article essaie de saisir le noyau herméneutique de la théorie du langage de Wilhelm von Humboldt : le langage est la création de la pensée. Elle se forme dans une série de synthèses de dualités : le monde et le moi, la sensibilité et l’intellect, le son et le concept, la voix et l’écoute de soi-même, ma voix et l’écoute de l’autre et l’activité du comprendre qui est de nouveau génération de la pensée jusqu’à la production du son-concept dans la «bouche d’autrui». Ce «travail de l’esprit» (Arbeit des Geistes) est donc toujours aussi travail de l’esprit de l’autre. La pensée est «co-pensée» (Mitdenken). Mais dans cette activité commune il y a un moment de «non-compréhension», qui est justement le moment de la liberté de l’individu contre le pouvoir de la langue. Cette activité langagière individuelle, centre de la théorie du langage de Humboldt, donne à la langue son ultime forme, son «caractère ». Ce n’est donc pas la langue qui détermine la pensée (elle lui donne seulement une certaine «couleur»), mais c’est le discours – et donc l’activité cognitive – qui forme la langue.
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