Thomas Mann. La langue de l'exil
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Cattin, E. (2022). Thomas Mann. La langue de l’exil. Cahiers Du Centre De Linguistique Et Des Sciences Du Langage, (8), 21–32. https://doi.org/10.26034/la.cdclsl.1996.1902

Résumé

l y a plus d’une forme d’exil. Plusieurs façons de partir ou de quitter, de vivre dans la séparation, de ne plus être , plusieurs façons de revenir, plusieurs, aussi, de ne jamais revenir. Le 11 février 1933 Thomas Mann quitte l’Allemagne pour ce qui devait être un voyage, mais il n’y eut jamais de retour. Ce n’était pas vraiment partir, c’était – seulement – ne plus revenir. Exil sans départ, exil sans retour. Mann « s’est retrouvé » exilé. Lorsque portant il reverra l’Allemagne ou plutôt les Allemagnes, en 1949, il placera son « voyage » sous le signe de Goethe, « le nom divin de Weimar ». Jusqu’en 1955, où il reviendra pour Schiller, il essaiera, lui qui préfère rester en exil, de se faire comprendre de ceux-là dont il craint surtout qu’ils ne parlent plus la même langue.  

Ce qui frappe, c’est bien ce « devenir-étranger » de l’Allemagne, comme si l’exil avait emporté la terre natale avant que lui, Mann, ne s’y résolût, comme si Mann avait perdu l’Allemagne plutôt qu’il ne l’avait quittée. L’exil, en effet, n’est pas une forme simple, aisément habitable : il est la perte, le « désarroi », hanté par la crainte de la trahison. Comme si, aux côtés de l’exilé, se tenait toujours le fantôme du traître. Qui s’est perdu, qui a perdu l’autre ? Mais qu’est-ce qu’une « terre natale », qu’est-ce qu’une « patrie », qu’est-ce qu’une « nation » ? Qu’est-ce qu’un lien ?

https://doi.org/10.26034/la.cdclsl.1996.1902
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