Résumé
La notion du symbolique a suscité l’intérêt de Florenskij dans le domaine du langage, de l’ontologie et de la connaissance. Le symbole, la langue et, en particulier, la magie du mot dans les réflexions de Florenskij occupent une place parti- culière. La magie du mot, catégorie historico-sociale, est un outil nécessaire pour comprendre la vie même de la langue. Dans la philosophie de Florenskij, les propriétés magiques du mot, en tant que symbole, sont liées à la connaissance intégrale (cel’noe znanie), par laquelle Florenskij fournit une analyse approfondie sur le lien entre l’homme et la nature, entre la langue et le symbole. La valeur des outils comme celoe et cel’noe (en rapport avec la nature de l’homme et avec le mot) nous permet une réflexion sur le mot entendu comme un organisme, considéré dans son intégralité (celostnost’), et sur la nature verbale de l’homme (slovesnyj individuum). Florenskij établit l’unité du symbole et de la langue comme un système des discours (théorie qui est devenue un sujet constitutif pour d’autres linguistes, par exemple Bakhtine et Benveniste). Nous nous proposons donc de clarifier comment dans la réflexion de Florenskij, surtout dans son œuvre de 1922 La description symbolique (Simvoličeskoe opisanie), le lien entre science et philosophie met à jour la question fondamentale de la valeur ontologique et gnoséologique du mot. La science et la philosophie sont deux tendances de l’activité verbale : la science, qui représente la langue comme un produit fini (veščnost’) et la philosophie, qui représente la langue comme une activité (dejatel’nost’) constituent une antinomie ayant son origine dans l’unité de la langue. Nous essaierons de présenter le lien entre science et philosophie, entre langue et symbole à travers la structure antinomique du mot, considéré comme entrelacement entre l’esprit individuel et collectif.
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