Résumé
La traduction tibétaine est de nos jours profondément liée au champ académique des études tibétaines et de la tibétologie. Cela relève d’un héritage historique spécifique, et d’une disposition particulière de pratiques institutionnelles et pédagogiques de longue date, aussi bien dans les méthodes que le matériel, pour l’enseignement du tibétain. Après avoir exploré l’arrière-plan des pratiques en place, j’avance une alternative pour l’apprentissage et la traduction du moyen tibétain (ou tibétain classique). Cette approche englobante, collaborative et centrée sur la communauté est inspirée de travaux en linguistique appliquée, acquisition des langues secondes et traductologie; cet article entend préciser ce que l’on peut apprendre de ces champs, et comment on peut appliquer leurs méthodes au contexte de l’apprentissage de la langue tibétaine. Partant, je défends qu’adopter une telle approche ne se justifie pas seulement; cela fournit également des bénéfices tangibles non seulement aux chercheurs, mais également à la communauté linguistique tibétaine, qui détient encore une perspective native et vivante sur les significations des textes. En d’autres termes, au lieu de voir le texte-comme-object duquel on extrait une traduction-comme-produit, l’objectif est de mettre à jour une traduction-comme-pratique-sociale qui est constructive, inclusive et réciproque.
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