Résumé
L'article revient sur la pratique consistant à utiliser le code-switching, c'est-à-dire l'alternance d'une langue à l'autre dans l'interaction verbale, pour gérer l'inclusion respectivement l'exclusion d'un ou de plusieurs interactant(s) du cadre de participation, et en particulier de processus décisionnels. L'originalité de la contribution réside dans l'ajout de la dimension multimodale, notamment par une prise en compte de la direction du regard, dont le rôle dans la configuration des dynamiques interactionnelles est bien connu sans pour autant être systématiquement intégré à l'analyse. Les données considérées relèvent de séances de travail collectif vidéo-enregistrées au sein desquelles quatre étudiants de niveau Master doivent composer avec une répartition non uniforme des répertoires linguistiques, aucune langue ne pouvant servir de lingua franca. L'article met la loupe sur les phénomènes de cooccurrence entre code-switching et changement de direction du regard et en tire des conclusions générales sur la nature observable des phénomènes d'exclusion et donc de domination interactionnelle en situation multilingue.
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