Remarks on the Sources of R. Jakobson's Linguistic Inspiration
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Koerner, E. F. K. (2022). Remarks on the Sources of R. Jakobson’s Linguistic Inspiration. Cahiers Du Centre De Linguistique Et Des Sciences Du Langage, (9), 159–176. https://doi.org/10.26034/la.cdclsl.1997.1891

Résumé

E. F. K. KOERNER, University of Ottawa : «Remarques sur les sources de l'inspiration linguistique de Jakobson»

Nul ne peut s'être familiarisé avec l'œuvre de Roman Jakobson (1896–1982) sans avoir été impressionné par l'envergure de ses intérêts intellectuels et de ses activités érudites. Dire qu'il était un personnage complexe et polyvalent, affirmer qu'il serait difficile, pour ne pas dire impossible, de retracer les diverses sources de son engagement, dans toute sa panoplie, comme enseignant et comme auteur, cela serait énoncer ce qui est déjà évident. Pour comprendre son travail, il semble important, voire central, de reconnaître l'intérêt qu'il porta toute sa vie aux œuvres littéraires en général et au langage poétique en particulier. Selon certains auteurs, Jakobson aurait entrepris son analyse de la poésie à la suite d'une tentative échouée de devenir, lui-même, poète. Le présent article, cependant, se donne pour objectif de retracer les principales influences linguistiques qui agirent sur Jakobson durant ses années de formation, c'est-à-dire de 1915 à 1923 approximativement. J'exclus donc l'impact du mouvement OPOJAZ à Moscou, ainsi que l'influence (probablement exagérée) des Logische Untersuchungen de Husserl. En fait, Jakobson avoua lui-même que l’‘école de Moscou' de Filip Fedorovič Fortunatov (1848-1914), une école au point de vue essentiellement philologique et indo-européaniste, lui fit une impression durant ces premières années et il ne perdit jamais son intérêt pour les sujets diachroniques, comme en témoigne son œuvre. Ce furent les écrits de Jan Baudouin de Courtenay (1845-1929) et, peut-être encore d'avantage, ceux de son collaborateur des années 1880, Mikołaj Kruszewski (1851-1887), qui exercèrent sur Jakobson une influence un peu différente et qui expliquent, du moins en partie, son attention première envers les problèmes phonologiques. On peut prétendre qu’au niveau de ses théories linguistiques – et même, semble-t-il, de ses théories littéraires – l'influence la plus importante, pour ne pas dire décisive, sur Jakobson fut celle de ‘l'école de Genève' et notamment les cours de linguistique générale donnés par F. de Saussure (1857- 1913), publiés en 1916 de façon posthume ; c'est en 1917, quand Sergej Karcevskij (1884- 1955), un ancien élève de Saussure, apporta un exemplaire du Cours à Moscou, que Jakobson y reçut sa première introduction. L'ouvrage Programme et méthodes de la linguistique théorique d'Albert Sechehaye (1870-1946), publié en 1908, contribua aussi à renforcer l'influence des idées de l'école de Genève sur Jakobson. L'emprise qu'exerça la doctrine saussurienne sur lui toute sa vie durant – même après qu’il eut découvert l'œuvre du philosophe américain Charles Sanders Peirce (1839-1914) dans les années 1940 – témoigne de l'importance préponderante du 'maître de Genève' dans l'approche théorique de Jakobson.

https://doi.org/10.26034/la.cdclsl.1997.1891
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