Résumé
Cet article propose de s’intéresser aux relations entre savoirs militants
féministes sur le langage et savoirs linguistiques sur le genre. Le féminisme et les
mouvements LGBTIQ, particulièrement dans leurs productions écrites en ligne,
sont caractérisés par leur attention toute particulière au langage. Cette attention
prend plusieurs formes, dont deux m’intéresseront particulièrement : la réflexion
sur l’écriture dite inclusive et la réflexion sur le lexique à employer pour nommer le
plus adéquatement et éthiquement les identités, violences, et questions de genre.
Cela donne lieu à des discours ou métadiscours sur le langage, ses utilisations et sa
force, qui utilisent fréquemment le recours à certaines théories linguistiques
(notamment relevant des domaines de la grammaire et de la pragmatique). Si ces
réflexions sur le langage s’accordent souvent avec les théories linguistiques, on
observe une production de savoirs qui contrevient aux savoirs académiques
linguistiques (notamment en ce qui concerne un certain prescriptivisme ou une
théorisation rigide des liens entre sens et référence). Dans ce cadre, cet article
propose de s’intéresser aux savoirs militants féministes et LGBTQI produits sur la
langue, notamment lorsque ceux-ci rentrent en conflit avec les théories linguistiques
académiques. Ces discours de savoir soulèvent en effet plusieurs enjeux
d’appréhension dans le cadre d’une analyse du discours qui voudrait s’interroger
sur la légitimité des savoirs sur le langage.

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