Résumé
Linguiste et féministe, j’inscris depuis de nombreuses années à l’ordre de mes
préoccupations épistémologiques la question de l’engagement des chercheurs dans
les problématiques sociales et des modes possibles de textualisation et de diffusion de
cet engagement. Il me tient en effet à coeur non seulement de porter hors des
frontières académiques mes questionnements, mais aussi de trouver des modalités
éthiquement cohérentes de conversation entre science et cité. Mes recherches ont
pour la plupart pour objet la circulation discursive des normes (langagières, mais
aussi de sexe/genre) et pour ambition affirmée de proposer un panel d’outils de
décodage et de résistance à diverses formes de discriminations identitaires. Elles
essaient par ailleurs de faire entendre un maximum de voix autres que la mienne.
Elles trouvent enfin souvent leur point de départ et leur élaboration théorique dans
une conscientisation de mes expériences quotidiennes. C’est ainsi sous l’angle de la
« situation », entendue comme une forme de (re)politisation explicitée, que
j’envisagerai la médiation dans cette contribution. Cette dernière me permettra
d’argumenter l’hypothèse que la médiation des savoirs sur le langage doit passer
par une réconciliation de la recherche et de la création et placer la réflexivité au
coeur non seulement de la constitution des savoirs, mais aussi de leur transmission.
Je prendrai pour exemples des mises en circulation extra-académiques de
recherches consacrées à la constitution discursive des identités.
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