Résumé
Le formalisme russe reprend le débat sur la construction de la forme dans le cadre qui avait été formulé par le formalisme germanique: il en reprend les principes
constructifs, la part des modalités perceptives dans la construction esthétique, la recherche de l’expressivité. C’est la surface de l’objet esthétique qui devient l’enjeu et l’objet de cette discussion entre les deux formalismes. Pour le formalisme germanique, la modalité tactile (le mode haptique) est la première étape dans l’évolution des styles qui aboutira au mode optique. En revanche, pour le formalisme russe, l’instance tactile ou haptique est non seulement l’aboutissement de cette évolution telle qu’elle se concrétise dans le cubisme, le futurisme et l’art abstrait: cette modalité, posée comme exigence de tangibilité de l’objet esthétique, constitue en outre le procédé-maître ou le principe universel dans l’histoire de l’art. Ces positions sont naturellement liées aux orientations esthétiques qui ont déterminé leurs visions respectives de la forme artistique: l’idéal néo-classique du formalisme germanique et l’idéal avant-gardiste du formalisme russe. Au-delà des solutions différentes apportées au problème de la forme par ces courants, ce dialogue des formalismes a pu proposer un programme de recherche qui reste déterminant pour les approches actuelles de l’objet esthétique.
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