Résumé
LES QUALITES INHERENTES AU TEXTE LITTERAIRE et ses valeurs, entendues ici comme tout ce qui est transmis, en font un objet ambigu dans l’espace scolaire, dérangeant, d’une part, en tant que dispositif polymorphe et polyvalent, qui se dérobe aux pratiques communes, et privilégié, de l’autre, par les aspects moraux, idéologiques et patrimoniaux dont il est investi. Réconcilier les valeurs du littéraire associées au fictif qui font appel à l’émotion et à l’imagination, avec le travail scolaire, pose problème et questionne les enseignants sur leurs choix de corpus et de méthodes (entre liberté et contraintes). De plus, le jeune lecteur, enfant ou adolescent, développe des formes et des habitudes de lecture souvent très éloignées des pratiques lettrées prônées par l’école. Quelles formes scolaires de la littérature appellent un lecteur expert, idéalement visé par l’école obligatoire romande d’aujourd’hui ? Et que fait l’institution pour combler l’écart entre les champs culturels des élèves et ceux du milieu « lettré » ?
L’institution attribue au littéraire des valeurs symboliques et éducatives qui présupposent un sujet lecteur engagé et critique, participant activement à l’édification de cultures. Cette vision de l’apprenant actif et d’une école « citoyenne » qui a posé en Suisse romande de nombreux jalons, rencontre de fortes résistances comme dans le reste de la francophonie. Quelle cohérence donner, alors, aux rapports de l’institution avec la recherche et la formation, pour transformer peu à peu les représentations et produire l’impact attendu sur les actes pédagogiques ?
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